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Tribunal de Commerce : Pour l’instant, pas d’effet de panique chez les chefs d’entreprise euréliens

Deux ans que les spéculations vont bon train sur la situation des entreprises suite à la pandémie de coronavirus puis du conflit russo-ukrainien. Deux ans pourtant que le tribunal de commerce de Chartres ne perçoit pas de mouvement majeur chez les entreprises euréliennes. Alors avant un éventuel effet boule de neige provoqué par la crise de l’énergie, le tribunal ne cesse de marteler un seul maître-mot : ANTICIPATION.

Les effets post-covid sur les entreprises ont d’abord été annoncés pour septembre 2021 puis pour le début de l’année 2022 et finalement… plus pour maintenant.

Mais alors, pas de fermetures d’entreprises en abondance, est-ce une bonne nouvelle ?

Oui et non. À vrai dire, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation à commencer par le report du remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE). Certaines entreprises ont commencé à le rembourser depuis seulement deux ou trois mois. Trop peu pour avoir du recul sur l’impact qu’auront ces remboursements sur leur trésorerie.
 « À Chartres, on ne ressent pas d’effet de panique ni d’effet boule de neige suite au contexte actuel, qu’il soit géopolitique ou sanitaire. Il est sans doute encore trop tôt », constate François Robinet, le président du tribunal de commerce de Chartres.

En revanche, la crise de l’énergie risque de corser les choses et mettre en difficulté de nombreuses entreprises. « À l’échelle nationale, certains chefs d’entreprise voient leur facture d’énergie bondir de 3 à 14 millions d’euros par mois. En conséquence, ils arrêtent leur production puisque produisant à perte.
Cette situation va commencer à poser des problèmes notamment sur le plan de la facture de carburant aussi », poursuit le président. Le dilemme auquel font face les chefs d’entreprise est le suivant : augmenter les prix au risque que des clients ne renouvellent pas leur contrat ou absorber les hausses ? Mais jusqu’à quand va être possible cette absorption ?

Un autre élément qui peut expliquer ce calme apparent qui règne au tribunal de commerce concerne l’URSAF. En effet, depuis 2020 le service public n’assigne plus en redressement ou liquidation judiciaire dès lors qu’elle n’est pas payée. Les dettes sont mises de côté mais tôt ou tard, elles seront remises sur la table et réclamées aux chefs d’entreprise.

« La procédure collective peut et doit être un outil de gestion pour les chefs d’entreprise »

Manque de main d’œuvre, problèmes de recrutement et taux d’usure… À quoi s’attendre demain ?

Plus de 45% des demandes de prêts pour l’accession à la propriété sont refusées par les banques aujourd’hui. En cause, une hausse insuffisante du taux d’usure soit du taux d’intérêt maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer. Une nouvelle qui risque de peser sur les agences immobilières.
Du côté du secteur du bâtiment, les carnets de commande sont pleins au moins jusqu’à la fin de l’année. Pour le moment, les entreprises honorent les contrats signés en amont et ce, malgré les hausses de prix des matières premières. Les yeux sont rivés sur cette problématique bancaire qui tend à réduire drastiquement le nombre de prêts bancaires accordés. Or, sans crédit bancaire, il n’y a pas d’achat et donc moins d’activité pour les entreprises du bâtiment.

Pour le moment, il n’y a pas péril en la demeure et les entreprises euréliennes les plus anciennes semblent mieux résister à ce passage.

La conciliation permet à deux tiers des entreprises de se reconstituer une trésorerie et de sauver leur activité

En 2022, le tribunal de commerce a ouvert 29 conciliations et mandats ad-hoc. Parmi elles, 11 sont allées en procédure collective, soit environ 38%. En clair, la majorité des entreprises qui a recours à la conciliation arrive à sauver leur activité. Parfois, la procédure collective apparaît même comme une véritable stratégie, « Elle peut et doit être un outil de gestion pour les chefs d’entreprise », insiste le président du tribunal.
Si les PME les plus structurées peuvent s’appuyer sur leur service juridique, leur expert-comptable voire leur avocat, c’est hélas moins le cas pour de plus petites structures dont les chefs d’entreprise ont tendance à repousser le plus possible l’échéance d’une éventuelle consultation au tribunal de commerce.

« Nous ne voyons que des chefs d’entreprise en difficulté et ceux qui vont bien, on ne les voit pas. Ces derniers restent majoritaires dans le département »

Prévisionnel, marge, TVA, rentabilité, trésorerie, comptabilité… le b.a.-ba de l’entrepreneuriat

Dans l’entrepreneuriat, la connaissance de ces principes devrait aller de pair avec la création d’une entreprise. C’est un point de vigilance sur lequel le tribunal de commerce souhaite attirer l’attention des entrepreneurs : le cap des 5 ans. Les premières années de vie d’une entreprise, les charges sociales sont plutôt minimisées, l’occasion de se constituer une trésorerie et de faire une comptabilité.
Pour conduire une voiture, il faut un permis, pour piloter un avion également, pour chasser aussi… Alors peut-on imaginer un permis d’entreprendre ? Par le biais de formations auprès des chambres consulaires, d’aides de la part des experts-comptables et avocats ou bien en ayant recours à l’expertise et la bienveillance du tribunal de commerce de Chartres… Les possibilités sont nombreuses pour anticiper.
« Nous sommes un peu comme un hôpital qui ne voit que des malades ; nous ne voyons que des chefs d’entreprise en difficulté et ceux qui vont bien, on ne les voit pas. Ces derniers restent majoritaires dans le département », conclut François Robinet. 

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